Adaptation prismatique avec Neurolens
Grandes lignes
- Les patients sans dysfonctionnement de la vision binoculaire s’adaptent généralement aux prismes puisqu’ils ont un mécanisme de vergence fonctionnant normalement.
- Les patients symptomatiques sont moins susceptibles de s’adapter aux prismes et pourront recevoir une correction de leur prescription.
- 6 porteurs de verres Neurolens sur 10 n’ont présenté aucun signe important d’adaptation aux prismes.
- La variation moyenne lors d’une prescription de prismes Neurolens était inférieure à 1/3 de dioptrie prismatique et la stabilité de la prescription des prismes Neurolens s’est améliorée au fil du temps.
Mécanisme de vergence et corrections prismatiques
Les prismes optiques sont l’une des méthodes de traitement les plus souvent utilisées pour corriger les problèmes de vision binoculaire (vergence) impliquant des désalignements oculaires, y compris les hétérophories, les disparités de fixation et les tropies. Les lignes directrices pour la prescription de prismes sont variables entre les cliniques et dépendent de facteurs d’influence tels que l’opinion ou les connaissances des cliniciens en correction de prismes et en vision binoculaire. Il existe des preuves cliniques anecdotiques sur l’efficacité du traitement par prismes chez les patients présentant divers dysfonctionnements binoculaires. Certains cliniciens soutiennent que les corrections de prismes sont indésirables, car elles dépendent de la capacité d’un individu à s’y adapter. Ce manque de consensus s’ajoute à un manque de normes cliniques fondées sur des données probantes sur la méthodologie d’utilisation adéquate des prismes lors de la correction de dysfonctionnements binoculaires1. Trois raisons principales expliquent l’instabilité de correction de prismes : (i) les différences individuelles dans la capacité innée d’une personne à s’adapter à un prisme; (ii) la présence d’un désalignement oculaire latent pouvant ne pas avoir été détecté lors de l’examen de la vue initial; et (iii) notre incapacité à mesurer un paramètre clinique précis et reproductible qui évalue le mécanisme de vergence et représente conséquemment la symptomatologie ressentie par le patient.
En ce qui concerne la relation croisée avec le mécanisme accommodatif et sa capacité à s’adapter naturellement, le système de vergence est unique. De façon générale, une réponse d’alignement à un stimulus réelle comprend deux composants du mécanisme de vergence et leurs signaux : un contrôleur à réponse rapide (réflexe) et un contrôleur à réponse lente (adaptatif). Bien que les corrélations neuronales des deux composants ne soient pas bien établies, plusieurs études expérimentales ont confirmé leurs schémas de réponse ainsi que leurs caractéristiques temporelles2. Lorsqu’une personne modifie sa fixation de loin à proche, la réponse initiale à ce nouvel objet d’intérêt est initiée par le système réflexe. Si la fixation de près est prolongée, le système adaptatif lent prend le relais pour maintenir l’alignement, sans inconfort apparent. Des études antérieures ont rapporté que la force et l’ampleur de la réponse de ce composant adaptatif lent est souvent corrélée à la présence de symptômes chez les patients présentant un dysfonctionnement de la vision binoculaire3.
La capacité d’adaptation aux prismes est également corrélée à cette capacité globale d’adaptation3. En d’autres termes, les personnes disposant d’un contrôleur adaptatif fonctionnant plus rapidement ont tendance à mieux s’adapter aux corrections de prismes. Les patients sans dysfonctionnement de la vision binoculaire s’adaptent généralement aux prismes, car ces patients ont tendance à être asymptomatiques et à bénéficier d’un mécanisme de vergence fonctionnant normalement3. Les patients symptomatiques sont toutefois beaucoup moins enclins à s’adapter aux prismes et beaucoup plus susceptibles de bénéficier d’une correction du prisme3,4. Cela dit, il est essentiel de se rappeler que certains patients peuvent présenter des déviations latentes nécessitant plus d’une correction de prismes avant d’obtenir une compensation et une stabilité complètes. Selon une étude antérieure, environ 80 % des individus (sur un échantillon de 46 sujets symptomatiques) se sont adaptés à un prisme standard et ont dû changer de prescription dans les années qui ont suivi5.
À cela, il faut ajouter que les cliniciens ont tendance à utiliser des techniques subjectives et imprécises pour mesurer la vision binoculaire des patients, incluant la phorie, la disparité de fixation ou la vergence fusionnelle. Certains praticiens mesurent l’un de ces paramètres pour décider de l’option corrective tandis que d’autres ont tendance à utiliser une combinaison de mesures avant de sélectionner le traitement approprié à l’état de leur patient. Plusieurs études ont conclu qu’aucune de ces mesures cliniques n’était adéquatement corrélée avec la symptomatologie subjective ressentie par les patients6. En raison de cette combinaison de pratiques cliniques incohérentes, de l’incapacité à mesurer et à représenter avec précision les symptômes des patients et de la variabilité de la capacité d’adaptation d’un individu à un prisme, les cliniciens se trouvent aux prises avec un grand nombre de questions sans réponse, les rendant hésitants à prescrire une correction prismatique à leurs patients. De plus, cette situation soulève deux questions importantes :
- Quelle est la meilleure façon d’identifier et de traiter les patients atteints de dysfonctionnement de la vision binoculaire?
- S’il existe un meilleur moyen, avons-nous des preuves pour comprendre si l’adaptation aux prismes contribue à ce problème et dans quelle mesure elle le fait?
S’il existe un meilleur moyen, avons-nous des preuves pour comprendre si l’adaptation aux prismes contribue à ce problème et dans quelle mesure elle le fait?
Figure 1: Le processus Neurolens
Le processus Neurolens est constitué de trois éléments principaux : un indice de style de vie, une mesure Neurolens et une correction Neurolens (figure 1). Les patients susceptibles de bénéficier d’une correction Neurolens seront d’abord identifiés à l’aide d’un questionnaire de base (indice de style de vie) qui quantifie les symptômes courants associés à un dysfonctionnement de la vision binoculaire, comme les maux de tête. Les patients symptomatiques se verraient ensuite prescrire une mesure d’alignement oculaire à l’aide de l’Appareil de mesure Neurolens® (NMD).
L’appareil de mesure NMD permet de mesurer l’alignement oculaire et de calculer le rapport AC/A7 d’un patient avec objectivité, précision, simplicité et efficacité. Il évite de recourir à des interventions subjectives et élimine ainsi les préjugés ou irrégularités potentiels du clinicien et du patient. La mesure objective du NMD est réalisée au moyen d’un système de suivi du regard qui suit rigoureusement les yeux des patients en continu pendant leur association ou de leur dissociation. Le fonctionnement du NMD2 est simple, dans la mesure où il s’agit d’un processus itératif qui tient compte des mesures de désalignement et propose une correction prismatique Neurolens définitive (la valeur Neurolens). Contrairement aux lignes directrices en matière de prescription, comme le critère de Sheard, le critère de Percival ou la règle du 1:1, la valeur Neurolens est fondée sur un algorithme exclusif conçu en fonction des centaines de milliers de mesures obtenues chez les patients. La valeur Neurolens obtenue par l’Appareil de mesure NMD représente la correction prismatique de distance suggérée et pouvant être directement utilisée par les cliniciens pour traiter leurs patients.
L’appareil de mesure NMD permet de mesurer l’alignement oculaire et de calculer le rapport AC/A7 d’un patient avec objectivité, précision, simplicité et efficacité. Il évite de recourir à des interventions subjectives et élimine ainsi les préjugés ou irrégularités potentiels du clinicien et du patient. La mesure objective du NMD est réalisée au moyen d’un système de suivi du regard qui suit rigoureusement les yeux des patients en continu pendant leur association ou de leur dissociation. Le fonctionnement du NMD2 est simple, dans la mesure où il s’agit d’un processus itératif qui tient compte des mesures de désalignement et propose une correction prismatique Neurolens définitive (la valeur Neurolens). Contrairement aux lignes directrices en matière de prescription, comme le critère de Sheard, le critère de Percival ou la règle du 1:1, la valeur Neurolens est fondée sur un algorithme exclusif conçu en fonction des centaines de milliers de mesures obtenues chez les patients. La valeur Neurolens obtenue par l’Appareil de mesure NMD représente la correction prismatique de distance suggérée et pouvant être directement utilisée par les cliniciens pour traiter leurs patients.
Données commerciales
Pour tester l’hypothèse selon laquelle les patients sont moins susceptibles de s’adapter à la correction de prismes profilés Neurolens, des données commerciales ont été recueillies auprès de porteurs de verres Neurolens ayant au moins une mesure de suivi à leur actif et pour lesquels au moins une année s’est écoulée entre la visite initiale et la visite de suivi. Ce sont plus de 1 183 porteurs de verres Neurolens répondant à ces critères qui ont été évalués. Du nombre total, 182 de ces personnes ont reçu deux suivis et 30 personnes ont reçu trois suivis depuis la réception de leur prescription initiale de Neurolens.
Prescription de réfraction et de prismes après un suivi
52 % des individus n’ont démontré aucun changement dans leur prescription de prismes horizontaux. Étonnamment, cette prescription était plus stable que le pourcentage d’individus n’ayant présenté aucun changement dans l’erreur de réfraction. Aucune différence significative dans l’adaptation aux prismes n’a été constatée en fonction de l’âge. Dans l’ensemble, la prescription d’un plus grand nombre de presbytes est toutefois demeurée inchangée lors de la visite de suivi. Globalement, la prescription de prismes verticaux est restée stable chez plus de 90 % des individus.
Prescription de réfraction et de prismes après deux ou trois suivis
la prescription de prisme de 45 % des individus pour des prismes horizontaux est demeurée inchangée au premier suivi, et ce nombre s’est amélioré de 57 % lors du deuxième suivi, ce qui suggère que la stabilité de la prescription s’est améliorée au fil du temps. Comme indiqué précédemment, la stabilité de la prescription de prismes était meilleure que la stabilité de la prescription de l’erreur de réfraction. Globalement, la prescription de prismes verticaux est restée plus stable chez plus de 90 % des individus.
Figure 2: Le pourcentage d’individus sans changement de leurs prismes horizontaux (ligne bleue pointillée), ainsi que l’équivalent sphérique OD et OS (OD - gris et OS - jaune), ont été tracés sur la ligne temps.
Si l’on observe les patients ayant reçu trois suivis depuis leur prescription initiale de Neurolens, 37 % d’entre eux avaient une prescription de prismes horizontaux inchangée lors du premier suivi. Ce nombre a augmenté à 57 % lors du deuxième suivi et à 63 % lors du troisième suivi, renforçant constamment la stabilité d’une consultation à une autre. Au fil du temps, la variation moyenne dans la prescription de prismes était inférieure à 1/10 de dioptrie prismatique. Comme indiqué précédemment, la stabilité de la prescription de prismes était meilleure que la stabilité de la prescription de l’erreur de réfraction. (qui s’est avérée aussi basse que 27 % à 50 % lors de différentes visites de suivi).
Discussion et conclusion
Contrairement aux études précédemment réalisées sur l’adaptation aux prismes5, les données commerciales de Neurolens recueillies auprès d’établissements de soins oculaires individuels à l’échelle du pays indiquent que seulement 48 % des patients ayant reçu une première correction de Neurolens l’ont modifiée lors de leur suivi (après un ou deux ans). Il est important de rappeler que ce changement de prescription pourrait être dû à l’apparition de la déviation latente chez le patient et non détectée lors du premier test. La stabilité de la prescription de Neurolens s’améliore avec le temps, suggérant que le désalignement de l’œil, à la fois manifeste et latent, est compensé avec précision au fil du temps. Cela pourrait également indiquer un changement dans la posture de vergence de l’individu en raison d’un mécanisme de vergence fusionnel amélioré ou d’une adaptation aux prismes. De 80 % à 85 % des patients ayant répondu à un sondage de suivi des symptômes sur 60 jours ont signalé un soulagement de leurs symptômes après avoir porté les verres Neurolens et étaient disposés à les recommander à leurs proches. Par conséquent, nous pensons que la plupart des patients ayant signalé un soulagement des symptômes après le port de verres Neurolens avaient un mécanisme de vergence fusionnelle amélioré.
Contrairement aux études précédemment réalisées sur l’adaptation aux prismes5, les données commerciales de Neurolens recueillies auprès d’établissements de soins oculaires individuels à l’échelle du pays indiquent que seulement 48 % des patients ayant reçu une première correction de Neurolens l’ont modifiée lors de leur suivi (après un ou deux ans). Il est important de rappeler que ce changement de prescription pourrait être dû à l’apparition de la déviation latente chez le patient et non détectée lors du premier test. La stabilité de la prescription de Neurolens s’améliore avec le temps, suggérant que le désalignement de l’œil, à la fois manifeste et latent, est compensé avec précision au fil du temps. Cela pourrait également indiquer un changement dans la posture de vergence de l’individu en raison d’un mécanisme de vergence fusionnel amélioré ou d’une adaptation aux prismes. De 80 % à 85 % des patients ayant répondu à un sondage de suivi des symptômes sur 60 jours ont signalé un soulagement de leurs symptômes après avoir porté les verres Neurolens et étaient disposés à les recommander à leurs proches. Par conséquent, nous pensons que la plupart des patients ayant signalé un soulagement des symptômes après le port de verres Neurolens avaient un mécanisme de vergence fusionnelle amélioré.
Références
- Gray, L. S. (2008). The prescribing of prisms in clinical practice. Graefe's Archive for Clinical and Experimental Ophthalmology, vol. 246 no 5, pp. 627-629.
- Schor, C.M. The relationship between fusional vergence eye movements and fixation disparity. Vision Res 1979; vol. 19, pp. 1359-1367.
- Schor, C.M. The relationship between fusional vergence eye movements and fixation disparity. Vision Res 1979; vol. 19, pp. 1359-1367.
- North, R. et Henson, DB. Adaptation to prism induced heterophoria in subjects with abnormal binocular vision or asthenopia. Am J Optom Physiol Opt 1981; vol. 58, pp. 746–752.
- Lie, I. et Opheim, A. (1985). Long-term acceptance of prisms by heterophorics. Journal of the American Optometric Association, vol. 56, no 4, pp. 272–278.
- Sheedy, J.E. et Saladin, J.J. (1983) Validity of diagnostic criteria and case analysis in binocular vision disorders. Dans : Schor, C.M. et Ciuffreda, K.J. (eds) Vergence eye movements: basic and clinical aspects. Butterworths, Boston.
- Labhishetty V., (2020) Factors contributing to the inaccuracy and lack of repeatability with the traditional subjective heterophoria measurements.
Vivek Labhishetty B. Sc., M. Sc., Ph. D.
Les recherches de Vivek Labhishetty portent principalement sur les mécanismes d’accommodation et de vergence ainsi que leur comportement dans différentes conditions cliniques et expérimentales. Ses recherches ont des retombées sur des affections comme la myopie, les troubles non liés au strabisme et l’anisométropie. Vivek Labhishetty est directeur de recherche clinique à Neurolens.